Emmanuel Macron amorce un recul

Publi le16 janvier 2019par A.L. et C.M. avec AFP / Localtis Organisation territoriale, lus et institutions, Transport et mobilit dcarbone, Citoyennet et services au public Emmanuel Macron a lanc mardi 15 janvier le grand dbat national par un change-marathon de prs de sept heures avec 653 maires normands (voir notre article du 15). Aprs avoir


Emmanuel Macron a lancé mardi 15 janvier le grand débat national par un échange-marathon de près de sept heures avec 653 maires normands (voir notre article du 15). Après avoir promis en arrivant qu'il n'allait "pas parler longtemps, car l'objectif, c'est surtout de vous entendre", le chef de l'Etat a parlé pendant près de 3h30, répondant en détail à des questions pointues, et finissant par échanger des rires avec son auditoire d'abord méfiant.  Les maires l'ont longuement applaudi debout à la fin de l'échange, vers 22h10, quand il a prôné "une République de la délibération permanente". "Il est fort", commentaient nombre d'élus à la sortie.  Pour les convaincre, le président de la République a mêlé logique, chiffres et formules choc.
Du côté des ouvertures, il a admis qu'il pourrait revenir sur la réforme de la délivrance de la carte d'identité ou de la carte grise, s'est dit prêt à réviser la loi Notr… et qu'il pouvait y avoir des aménagements au décret limitant la vitesse à 80 km/h.

En se disant prêt à des exceptions locales à l'impopulaire limitation à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaires, Emmanuel Macron a donné le 15 janvier un gage d'ouverture de l'exécutif pour le grand débat lancé en réponse au mouvement des "gilets jaunes", quitte à désavouer son Premier ministre.
Dès l'annonce de la mesure entrée en vigueur le 1er juillet 2018, le gouvernement s'était dit prêt à l'abandonner au bout de deux ans, si elle s'avérait sans effet notable sur la mortalité sur les routes. Mais Édouard Philippe, qui en était l'initiateur malgré l'opposition de plusieurs ministres et le peu de soutien du président de la République, avait toujours écarté depuis un an les appels, notamment de présidents de conseils départementaux mais aussi de députés En Marche, à des "aménagements locaux" risquant de vider la mesure de sa substance.
"J'avais prévenu le Premier ministre, 'nous sommes là pour vous aider, pas pour vous enfoncer'. Il ne m'a pas cru. Aujourd'hui c'est lui qui se retrouve vraiment affaibli par le président", juge le sénateur LR de Haute-Saône Michel Raison. Le parlementaire est le co-auteur d'un rapport présenté en avril dernier qui proposait de réserver le 80 km/h aux routes qui concentrent le plus d'accidents et de décentraliser la décision au niveau des départements pour l'adapter aux réalités des territoires. "Il faut faire confiance aux territoires, aux élus locaux, aux préfets pour faire du cas par cas", plaide lui aussi le député LREM de Gironde Benoît Simian. Selon lui, "infléchir des décisions contestées par le plus grand nombre, c'est tout simplement mettre de l'huile dans les rouages de notre démocratie".
Mardi soir, lors du lancement dans l'Eure du grand débat national destiné à répondre à la crise des "gilets jaunes", Emmanuel Macron s'est dit pour la première fois ouvert à ces aménagements locaux. "Il faut ensemble que l'on trouve une manière plus intelligente de le mettre en oeuvre. Il n'y a pas de dogme", a déclaré le chef de l'État.
Le Premier ministre est "parfaitement aligné" avec le chef de l'État, a assuré ce mercredi le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, refusant de préciser les intentions de l'exécutif.
Source d'une vague de mécontentement, notamment en zone rurale, la mesure est accusée d'incarner la déconnexion des villes avec les campagnes. Pour nombre d'analystes, cette fronde palpable préfigurait le mouvement des "gilets jaunes", né de l'opposition à la hausse des taxes sur le carburant.
Le changement de pied intervient alors que l'exécutif doit convaincre que le grand débat de deux mois est "sans tabou". Et qu'il se traduira par des mesures concrètes et l'écoute d'un "terrain" qui crie à la déconnexion des élites. Parmi les opposants aux 80 km/h, la très active association 40 millions d'automobilistes a salué le "pragmatisme" du chef de l'État, voyant dans ses propos une "porte de sortie honorable".
"Il n'y a aucun débat interdit, on peut parler de tout, y compris des 80 km/h", a pour sa part réagi Matignon, évoquant les résultats de la mortalité routière pour 2018, attendus d'ici la fin janvier, pour "nourrir le débat". Car ce bilan s'annonce positif : avec 3.176 morts sur les onze premiers mois de l'année, la France comptait en novembre 193 tués de moins qu'en novembre 2017, ce qui devrait permettre d'atteindre un niveau proche du plus-bas historique de 2013 (3.427 tués). Un argument pour les défenseurs de la mesure. Un 80 km/h confié aux départements, "c'est comme si on avait individualisé l'obligation du port de la ceinture, comme si on avait obligé les gens à mettre la ceinture au nord et pas au sud", s'émeut Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière qui estime que la sécurité routière est "une affaire d'experts".

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