
Aujourd’hui, une vingtaine de praticiens travaillent à la maison de santé de cette commune rurale du Maine-et-Loire. L'un des derniers à s'être installés est une jeune médecin généraliste. Elle est le troisième généraliste de la maison. C’est sa première installation. Le travail de promotion, dans la difficulté, a payé, se réjouit le maire : « Mais c'est surtout la maison de santé qui attire. Elle réunit les conditions que recherchent aujourd'hui les praticiens », assure Gilles Talluau.
Il aura fallu près de cinq ans, entre la première idée, en 2009, et la remise des clés, à l'été 2014. Dont une année de travaux. Un projet mené à bout de bras par la commune. « Au début, j'ai organisé des réunions avec les professionnels de santé des communes environnantes. Certains étaient partants, d'autres moins. J'ai aussi contacté l'Agence régionale de santé mais elle ne nous a pas été d'un grand secours ».
Une opportunité
La maison de santé est construite sur un terrain, en face de la mairie, racheté par la commune. Le maire a proposé au pharmacien, locataire de locaux à 200 mètres, de racheter la masure en friche sur ce bout du terrain, pour y installer une nouvelle pharmacie. Avec l'idée de créer un pôle santé au cœur du bourg. L'espace permet aussi d'aménager un parking « enherbé, avec des arbres, très apprécié aujourd'hui de la patientèle », observe le maire.
L'élu s'est assuré de répondre aux « garanties demandées » par les professionnels de santé pour rejoindre la maison de santé. À savoir, notamment, un loyer faible. Il est de 330 euros par mois, auquel il faut ajouter 80 euros de charge. Le maire a fait le tour des loyers dans les cabinets et maisons de santé alentour pour s'assurer qu'il reste abordable, sans que cela nuise à l'équilibre budgétaire du projet (voir encadré). La performance énergétique du bâtiment permet de maintenir des coûts de fonctionnement réduits.
La municipalité s'était également engagée auprès des praticiens à supporter le coût de la vacance d'un cabinet. Elle n'a pas eu besoin de le faire.
Une adhésion progressive
La médecin généraliste de la commune a donc accepté de s'installer une fois la maison construite. « Elle était prudente au départ, mais elle nous a suivis, et cela a attiré un autre généraliste, puis une troisième ! ». Le maire est donc plutôt confiant sur l'avenir de la maison de santé, d’autant plus que l’un des médecins est maître de stage : il accueille régulièrement de futurs jeunes médecins, ce qui crée des potentialités pour des installations dans les communes rurales. Car « le cœur d'une telle structure, c'est le médecin généraliste. Dès lors que la maison médicale compte un médecin généraliste, on a moins de difficultés à faire venir d'autres professionnels. » Ils sont aujourd'hui une vingtaine de soignants : infirmiers, orthophonistes, psychologie, psychiatre, psychomotricienne, pédicure, etc. Aucun n'était installé sur la commune. D'autres toquent à la porte de la mairie : un ostéopathe, un kiné, deux infirmières. « Mais je n'ai plus de place pour les satisfaire ! » souffle l'élu. La commune réfléchit alors à de nouvelles pistes pour les accueillir, ainsi qu'un dentiste.
Selon l'élu, « les gens aiment bien venir ici, même si nous ne sommes pas une grosse commune de l'intercommunalité, car ils ont presque tout, sans les complications de la ville pour se garer par exemple ». Cela se ressent sur la vie commerciale du bourg, qui se porte « très bien ». La pharmacie est passée de trois à sept salariés. Le pharmacien a également aménagé des locaux pour deux orthophonistes et une sage-femme.
Toujours pas de label
La mairie n'a pas demandé le label maison de santé pluridisciplinaire auprès de l'ARS. « Cela exigeait que les généralistes montent un projet de santé et s'engagent à consacrer 10 % de leur temps à de la prévention, or nous voulions avancer », explique l'élu, plutôt critique sur ces contreparties exigées par l'État.
De même, c'est la mairie qui gère la maison et non une société civile immobilière (SCI) regroupant les praticiens. Un agent communal s'occupe de l'entretien des communs. La mairie facture cette intervention dans les charges mensuelles des locataires. Les professionnels se chargent uniquement de l'entretien de leur cabinet (de 20 à 30 mètres carrés). « Comme dans une copropriété, les frais d’électricité, de chauffage, etc. sont répartis au prorata des surfaces », ajoute le maire. La question d'un secrétariat commun reste, elle, en suspens. « Certains en voudraient, d'autres non ». Le sujet reviendra sans doute à la prochaine rencontre, que le maire s'astreint à organiser une à deux fois par an, pour rester en lien avec les praticiens et échanger sur le fonctionnement de cette maison de santé. Un échange informel « et convivial », insiste le maire, qui se termine autour d'un barbecue…
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